Le stress dans tous ses états

Malgré le titre de cet article: "Le stress dans tous ses états", il va beaucoup être question de physiologie.

Car avant de chercher à baisser son niveau de stress, et d'éviter d'aller au burn-out, il faut d'abord comprendre ce qui se passe au niveau de son corps.


Le stress chez les mammifères..

et le stress chronique chez l'Homme

Le stress: cette réaction du corps. Mais à quoi?

😱 à une peur du danger



Le danger ressenti: danger réel ou fantasmé

De nos jours, le danger peut être réel, ou fantasmé.

Attention, le fait de parler de stress fantasmé ne signifie pas qu'il n'existe pas.

Et je suis bien placée pour le dire, puisque j'ai moi-même frôlé le burn-out.. ou peut-être même plus que frôlé d'ailleurs. Selon l'histoire que mon cerveau me raconte...


Par exemple:

🔸 un vrai danger: je suis face à face à un ours, à une bande de voyous, à un violeur...

🔸 des dangers "fantasmés" de la vie de tous les jours, des dangers émotionnels, liés à notre vie en société:

- j'ai peur d'être jugé

- j'ai peur de décevoir quelqu'un

- j'ai peur de ne pas être à la hauteur de ce que j'entreprends (pro ou perso)

- J'ai peur d'échouer

- J'ai peur de ne pas être accepté au sein d'un groupe, ou d'en être rejeté

- J'ai peur du changement: déménagement, nouveau travail...

- J'ai peur de certains animaux tout petits: les araignées, les souris..

- J'ai peur d'attraper des microbes

- Je me sépare de mon compagnon/ ma compagne

- Un proche meure

- Etc.....



Crédits photos Pexels Denniz Futalan & Yankrukov


Certains de ces dangers peuvent même devenir des phobies: la peur des araignées, le vertige, la claustrophobie, l'agoraphobie...


Tous ces dangers n'en sont pas réellement. Seuls 10% sont de réels dangers. Nous ne sommes pas en danger de mort lorsque nous parlons et public ou que notre hiérarchie nous critique. Mais nous détestons cela. Et notre organisme agit comme s'il s'agissait d'un danger de vie ou de mort.



Notre réaction automatique face au danger : l'instinct de survie


Dans notre lointain passé de chasseurs cueilleurs, il y a 1,8 millions d'années, puis en tant qu'homo sapiens il y a 200 000 ans, il était primordial que nous reconnaissions le danger et que nous sachions y faire face. Et oui, tout prédateurs que nous étions, nous ne faisions pas le poids tout seuls face à un tigre ou un ours.


Cela nous a menés à une vie en collectivité qui nous permettait de nous protéger les uns les autres. Comme disent nos amis Belges, Boliviens et Haïtiens "L'union fait la force".


Aujourd'hui, notre mode de vie a bien changé, depuis la sédentarisation dans les sociétés agricoles du Néolithique, il y a 10 à 12 000 ans suivies des luttes d'influence, le pouvoir des Seigneurs, de l'Etat, de la religion, pour arriver au XIXe siècle: le siècle de l'industrialisation et de l'homme moderne (homo machina).


Au regard de l'évolution, nous n'avons pas eu le temps de nous adapter à ce nouveau mode de vie si récent au regard de l'historique de l'humanité. Donc nous conservons nos réactions primaires liées à notre génétique et nos émotions, notre instinct de survie.


Tout seul, face à un prédateur, notre instinct de survie se déclenche: nos émotions envoient un message à notre corps en à peine 1/4 de seconde. Notre système nerveux central (SNA) a 3 réponses:

➡Faire face, attaquer

➡ Fuir

➡Se figer


C'est ce qu'on observe chez les animaux.

... Et aussi chez nous, bien qu'on tende à moins s'en rendre compte.


Notre physiologie face au danger :
La théorie polyvagale et la réaction du Système nerveux Autonome


Il est primordial de comprendre comment notre système fonctionne pour réduire le stress, voire prévenir le burn-out.


Pour plus d'explications sur la physiologie, je vous invite à aller consulter mon article sur la théorie polyvagale (TPV) de Stephen Porges et le Système Nerveux Autonome (SNA).


En attendant, ce qu'il faut en retenir pour comprendre.

Notre Système Nerveux autonome contrôle tout ce qui fonctionne de manière automatique chez nous, comme son nom l'indique. En mode automatique:


▶ Quand tout va bien, nous sommes détendus, nous profitons de la vie. Nous sommes en parasympathique ventral. Notre énergie est adaptée, de niveau moyen. Nous sommes en connexion avec les autres autour de nous de manière harmonieuse.


▶ Quand nous nous sentons stressés, agressés, en danger, quelque soit la situation, comme vue précédemment, nous sommes en mode sympathique. Notre énergie est à son maximum. Nous attaquons notre adversaire, ou nous fuyons. Dans cet état, le corps amène le sang à nos muscles, au détriment de la peau, du système immunitaire, de l'estomac. Et notre rythme cardiaque s'accélère.


▶ Quand nous ne nous sentons ni capables d'attaquer, ni de fuir, nous sommes en mode parasympathique dorsal. Nous sommes apathiques, nous nous figeons. Dans notre société, cela ne veut pas nécessairement dire que nous ne bougeons plus, mais nous ne sommes plus capables de réfléchir, nous "suivons le mouvement" passivement, nous acceptons les propositions qui nous sont faites. Et nous n'avons aucune énergie. Nous nous sentons déprimés, fatigués, anxieux. Nous nous replions sur nous-mêmes.


Le SNA active notre système automatique dans cet ordre là en cas de danger:

1. Parasympathique ventral -> 2. Sympathique -> 3.Parasympathique dorsal


Lorsque le danger s'estompe, l'ordre est inversé pour un retour au calme.

1. Parasympathique dorsal -> 2. Sympathique -> 3.Parasympathique ventral

Le stress chronique et le burn-out


Dans la nature, les dangers "réels" sont de courte durée: le cycle évoqué ci-dessus ne dure pas très longtemps.


Mais qu'en est-il lorsque nous nous donnons à fond au travail? Que nous sommes critiqués dans notre travail? Que nous devons intervenir en public? Défendre un projet qui nous tient à cœur devant un public que nous plaçons au-dessus de nous par leur position sociale (cf Rang en processwork) ? Ou se sentir en inadéquation avec les objectifs qu'on nous demande? Ou dans sa sphère privée, se sentir un mauvais parent?


Nous pouvons passer une grande partie de la journée sous stress. On parle alors d'état de stress chronique.


Et que se passe-t-il dans notre corps?


Nous l'avons vu, le SNA passe en sympathique dans un premier temps:


🟡 nous avons tout d'abord une décharge des hormones de stress: l'adrénaline et la noradrénaline qui nous donnent un surcroît d'énergie: c'est la période de stress aigu, qui dure de quelques secondes à quelques minutes.


🟡 Le cortisol, appelé aussi "hormone du stress", prend le relais si la situation se poursuit. C'est une bonne chose, puisqu'il augmente notre énergie pour nous faire avancer.


🟡 Lorsque la situation stressante est terminée, le taux de cortisol met ensuite entre 20 minutes et 90 minutes pour diminuer, en l'absence d'une nouvelle cause de stress.


Et si nous faisons face à de nombreuses situations stressantes tout au long de la journée, le taux de cortisol reste toujours élevé.

Or, si le cortisol a de nombreux effets bénéfiques sur l'organisme, dans des doses raisonnables, de fortes doses chroniques ont un effet délétère pour l'organisme:

🔴 Système Immunitaire : Suppression de la fonction immunitaire, augmentant la susceptibilité aux infections.


🔴 Métabolisme : Augmentation du risque de diabète de type 2 en raison de la résistance à l’insuline.


🔴 Santé Mentale : Contribue à des troubles de l’humeur comme la dépression et l’anxiété, mais aussi à de l'irritabilité.


🔴 Système Cardiovasculaire : Peut entraîner une hypertension artérielle et augmenter le risque de maladies cardiovasculaires.


🔴 Sommeil : des taux élevés d'énergie ne permettent pas facilement l'endormissement et induisent une fatigue chronique, qui conduit à une détérioration de la santé mentale.


C'est ainsi que le stress chronique se développe, et par effet boule de neige, peut se transformer en dépression ou en burn-out.

Les traitements contre le stress chronique (ou le burn-out)

Il va falloir recharger les batteries et les réserves de l’organisme, construire et veiller à son équilibre en écoutant ses besoins.


Il ne faut surtout pas s’isoler et oser demander de l’aide et parler de ses difficultés car bien souvent, on imagine être seul à ne pas y arriver alors que c’est faux, et qu’on peut trouver du soutien, des conseils auprès des autres.
Il faut également apprendre à accepter ses limites et ne pas culpabiliser, penser à être indulgent avec soi, accepter de ne pas être parfait et de ne pas tout faire parfaitement.


Pas si facile: souvent, il faut en arriver au burn-out lui-même pour que l'électrochoc aie lieu, et qu'on accepte qu'il faut changer:

✅ ses habitudes

✅ sa philosophie de vie

✅ baisser ses exigences envers soi-même

✅ prendre du temps pour sa vie sociale: famille, amis

✅ prendre du temps pour son corps et sa détente: par le sport, la relaxation, la musique, la respiration, les balades dans la nature, ou toute activité qui "met des étoiles dans les yeux"

Prochainement, je rédigerais un article sur les techniques de réduction de stress chronique.


Pour parvenir à mettre en place ces changements, il faut prendre du recul, souvent se faire arrêter pour repartir sur des bases saines, et se faire accompagner par un psychologue, ou un coach, selon le degré d'avancement du burn-out.


Et si, comme moi, vous voyez que vous êtes en chemin, bien avancé, mais pas encore au bout du bout: prenez les devants avant qu'il ne soit trop tard, et que vous perdiez plusieurs mois, ou plusieurs années de votre vie à vous en remettre.


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